Nous comptons sur tous les soutiens, y compris financiers, pour promouvoir notre action concernant l’importance des fonctions premières de l’agriculture, à savoir convertir l’énergie solaire pour produire des matières végétales alimentaires et non alimentaires.
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Chère Madame, cher Monsieur,
Comme nous tous, vous avez été alerté par les médias sur les enjeux des négociations de Copenhague. Selon le GIEC (Groupe Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat), pour éviter toute dérive du climat, qui pourrait ensuite devenir incontrôlable, il faudrait d’ici 2050 diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre (GES) au niveau mondial.
Ces exigences sont sans commune mesure avec celles sous le Protocole de Kyoto où il s’agit seulement, par exemple pour la France, de ne pas dépasser d’ici 2012 le niveau des émissions de 1990.
Avec ces nouveaux objectifs, il faudra chercher à réduire ces émissions au moindre coût dans tous les domaines. Les productions végétales peuvent ici jouer un rôle majeur ; elles peuvent assurer l’augmentation incontournable des productions alimentaires et des matières végétales non alimentaires.
Mais si celle-ci s’obtient en augmentant les surfaces cultivées – en défrichant les forêts et en convertissant des savanes en terres cultivées -cela conduit à des émissions beaucoup plus importantes de GES que toute fertilisation, tout en diminuant la biodiversité et la protection des sols. C’est pourquoi cette augmentation des productions alimentaires, rendue également nécessaire par l’accroissement démographique, doit être obtenue en augmentant les rendements des terres déjà cultivées et en réduisant les jachères, autrement dit, en augmentant « l’efficacité territoriale ».
Jusqu’ici la question de la réduction des émissions de GES a été dominée par les spécialistes des énergies fossiles Ce qui se justifiait avec les objectifs peu ambitieux visés sous le Protocole de Kyoto et l’importance qu’on devait accorder dans les pays industrialisés à cette source de GES: la nécessité d’augmenter l’efficacité énergétique est d’ailleurs désormais largement reconnue.
En revanche, très peu d’agronomes ont participé jusqu’ici aux négociations sur le climat. Aussi, la nécessité d’augmenter l’efficacité territoriale est-elle encore largement méconnue. Cela provient aussi du fait qu’elle est déjà élevée dans beaucoup de pays développés et en Asie. C’est en revanche dans les pays où les sols bénéficient encore de peu d’intrants –et souvent de trop peu d’intrants comme en Afrique sub-saharienne– qu’elle peut encore être le plus facilement augmentée. Ce sont en même temps ces pays qui souffrent et souffriront de la plus grande précarité alimentaire.
Il y a donc toutes les raisons de les aider à augmenter leurs efficacités territoriales. Il est essentiel pour cela que les agriculteurs de ces pays puissent acheter les intrants indispensables. Or le Protocole sur le climat pour la période post-2012, qui sera esquissé à Copenhague, pourrait être une occasion de mettre en place, dans notre intérêt et dans celui des pays de l’Afrique sub-saharienne, un mécanisme pour abaisser le coût de ces intrants en rémunérant les « changements d’utilisation des terres évités » (donc les émissions de GES évitées) grâce à l’augmentation de l’efficacité territoriale.
Malheureusement, si les agronomes et les agriculteurs comprennent facilement ce raisonnement, ce n’est pas toujours le cas du grand public des pays industrialisés, de plus en plus citadin. Ce public, par ailleurs, connaît mal l’Afrique sub-saharienne qu’il confond très souvent avec le Sahel.
Aussi avons-nous créé une structure (Oikos –Sacass) destinée à aider l’opinion à comprendre cette question et surtout à faire adopter cette approche sous le nouveau Protocole sur le climat.
C’est pourquoi nous comptons particulièrement sur votre soutien, y compris financier, pour promouvoir cette action qui par ailleurs rappelle aux citadins l’importance des fonctions premières de l’agriculture, à savoir convertir l’énergie solaire pour produire des matières végétales alimentaires et non alimentaires. Nous restons évidemment à votre disposition pour toutes demandes complémentaires et attentifs à toutes vos suggestions. Merci aussi de faire circuler cet appel auprès de vos partenaires de l’Afrique Sub-Saharienne et des pays industrialisés.
Avec nos meilleures salutations,
Arthur Riedacker Directeur de Recherche à l’INRA, Co-prix Nobel de la Paix pour sa contribution aux travaux du GIEC depuis 1990 et ancien négociateur pour le climat. a.riedacker@wanadoo.fr Jean Marc Boussard Directeur de Recherche à l’INRA, Membre de l’Académie d’Agriculture. jmarc.boussard@orange.fr